Un·e évangile, pour qui ne serait pas encore au courant, ça veut dire une bonne nouvelle. Ce qu’on fait chaque fois qu’on démarre une séance de co-écoute : se demander ce qui est bon, et ce qui est nouveau. Des fois je trouve du bon, mais rien de neuf. Des fois je trouve du nouveau, mais ça tire sur mes limites. Quand je parviens à trouver le chemin qui lie les deux, ça va mieux.
En co-écoute toujours, pour décharger les détresses liées au genre (surtout) sans identifier quelqu’un·e autre à sa détresse, souvent on n’emploie pas son prénom mais on dit « Machin-e ». J’aime bien le côté anti-industriel qu’il y a (aussi) dans cette pratique, quand on est un homme ou qu’on en a gros sur la patate dans des relations avec… des femmes (parce que « machin » fait pas tant l’effet là, même si ça parle de l’objet aussi : plus outillé – voire bien mal monté – que systémique). Ah, saintes Machines ! que c’est bon de vous crier dessus, et de profaner vos auréoles de carton-pâte ou de polystyrène, de sucre ou de papier glacé.
Dans la dernière lettre d’infos d’une association chrétienne récemment, j’ai lu que les événements allaient devoir être accompli-e-s « très certainement sous une forme nouvelle » en 2021. Tout en saluant l’inventivité et l’esprit d’adaptation, j’ai répondu en questionnant cette formule qui me semble douteuse, d’un point de vue évangélique… et teinté d’une causalité machinique presque antéchristique au fond, car quoi de moins mécaniste que le message du Christ ?
Que savons-nous de l’histoire déjà et de la façon dont elle va se poursuivre ces prochains mois ? Tant qu’à nous réinventer, pourquoi le faire de façon linéaire, alors que la bonne nouvelle – peut-être – se répand en effet : un monde émerge !? « L’histoire n’est pas linéaire » : c’est une des phrases que Vandana shiva répète le plus volontiers dans ses conférences.
Et pragmatiquement, nos traditions spirituelles, pèlerines ou célébrantes, ne sont-elles pas pluri-millénaires ? N’en avons-nous pas « vu bien d’autres » ? N’avons-nous pas marché côte à côte sur les chemins sacrés pendant la peste noire ? N’avons-nous pas prié côte à côte tandis que sévissaient la lèpre ou la rougeole ? Avons-nous changé notre foulée ou les mots de l’ave Maria suite aux travaux de Pasteur, aux déportations, aux écocides ?
Je m’indigne de nombre absurdités qui semblent normales à beaucoup de mes frères et sœurs en humanité, y compris des prêtresSES. Bien sûr qu’une pandémie, pour les fêtes techno-trans ou pour les eucharisties ça peut nous inviter à faire évoluer un peu la donne : « moi en tout cas » je ne suis pas pour « faire fi » n’importe comment des craintes des un-e-s et des autres, et je suis pour trouver des réponses ajustées. Mais « au nom du ciel », cessons de dramatiser et gardons en même temps la tête froide, les pieds sur terre et le cœur inspiré par les saint-e-s esprit-hes.
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