Mon travail
Eh oui, je travaille. Ou bien, quoi ?
« J’œuvre » : v’la l’artiste avec ses ouvroirs !
« Je laboure » : vérité en effet un peu laborieuse ?
J’agis : difficile de (ne pas) faire autrement.
Même quand je dors je suis « un actif », dans ce monde.
Je professe : allez, il y croit vraiment à ce qu’il fait l’animal… presque sacerdotal !
Je taffe : c’est rien de le dire, ya pas qu’à l’ordi qu’y a du biz… n’est-ce pas ?
J’usine, et ça semble souvent bon d’être un peu efficientEs de nos jours.
J’opère, et ça n’est pas forcément de hautes besognes –
Je bosse ou je bricole, je m’emploie et ça m’occupe, je produis : ça trime, ça marne, ça peine ?
Oui mais ça chante et ça bout parfois aussi.
Je tâche de mettre les bonnes mains dans les justes pâtes, en (bête de) somme. Un rude ouvrage !
Car quoi, rien d’assuré : plein de précarité, tout à la pointe de l’épée …
Pour qui a un peu d’éthique et le sens des priorités, du moins, je crois : c’est souvent sur le fil.
Tout ça se tisse au quotidien d’ailleurs avec la pelote de ta vie et les bobines de l’Histoire.
Pour moi ça tombe bien : j’ai trois métiers(dont un encore en vrac).
Avez-vous remarqué comment ce « je travaille » était souvent donné ces temps-ci comme le mot de la fin dans un échange, à droite comme à gauche ? Pour définir l’heure d’un rendez-vous, qui va chercher les enfants où, qui a le sens des responsabilités… Parfois avec une pointe de reproche ou une once de fierté – quand bien même le turbin en question est aliéné, usant pour l’ouvrier-e (et pour ses cadres), voire franchement nocif pour tout le monde.
Le retour de la « valeur travail » ! Mais pas du prolétariat, ni de la paysannerie… ? Si, un peu, à la folie et même de mieux en mieux.
Il y avait du bon, dans nos jeunes années 80-90, dans un certain mépris encore – non pas de classe quoi que ce soit souvent difficile à démêler – mais pour toutes ces activités alimentaires hyper-capitalistes au service des patrons.
Le syndrome de Stockolm contraint tout-un-chacun à « positiver » son bullshit job, à revendiquer son « employabilité » ou à nourrir son auto-exploitation en même temps que son assurance-vie… personnelle, patrimoniale.
Travail !
La patrie n’ose pas trop revenir avec ce mot-là (mais les territoires ne s’en privent pas) et la famille n’a jamais été massivement questionnée – sinon pour ne la faire qu’exploser de toutes parts, dans bien des situations… mais pas assez pour que les modèles émergents semblent encore des alternatives accessibles au plus grand nombre : coparentalités, polyamories, réseaux de soutien, familles complexes, mono-atypiques etc., trucs de bobos ou d’anarcho-syndicalistes, tout ça. Pas très sérieux.
Eh bah si, pourtant.
De même qu’il y a d’autres voies que « célibataires, chacun pour soi » ou « famille hétéronormative classe moy’ », notre choix éthique en matière de profession ou d’agenda ne se fait pas, en fait, entre « travaillomane au service des pouvoirs » et « branleur-euse-s au chômage ».
C’est ainsi tout l’univers de polyactivité plus ou moins invisible et alter-rémunératrice du Loup en slip qui s’ouvre à nous : car en réalité dans la forêt, il n’y a pas qu’une seule louve !
Nous sommes meutes. Tu es femelle alpha, tu ouvres de nouvelles voies. Je suis mâle gamma, je lave plus blanc. Iel est nouvelle génération, on ne sait pas bien où le mettre mais ça ne va pas nous empêcher de collaborer, dame !
Tenez bon, les tisserand-e-s ! Même s’ils sont bricolés et branlants, vos métiers font de la bien plus belle étoffe que toutes les installations industrielles. Et surtout, contrairement aux viscoses et aux polyamides qui finissent par étouffer la mer et le ciel, accrochés dans les arbres ou sixième continent, ce que vous faites est recyclable à l’infini.
Ainsi, même s’il nous faut peut-être étudier de plus près les rythmes de production, le stockage et les chaînes logistiques, nous avons de l’avenir !
Ne nous soucions pas trop des chateaux de cartes qui s’effondrent, et de leurs grossières ficelles.
Lavoramo con gioia ! Moui rabotiam s’lioublié. Workers from hands and spirit, all together !
Revoilà les nous qui se pointent, quand on dit « Maldone » : pas compliqué ^^
Oui, Nous en avons nos claques de servir de mauvais maîtres. Souveraineté !
À cet égard le français, cette schizolangue qui nous sert du je-u quand on te dit vousses, prend aussi ses contrepieds à ses joues et reNouE avec la majesté populaire.
Nous sommes un mec bien, pas besoin d’être de la haute.
Pas besoin non plus de continuer à aller aux charbons ! Pas n’importe quels n’importe n’importe où quand, du moins. On vaut bien mieux que ça.
Car nous sommes de bonnes personnes, il suffit de voir.

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