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la Norme Emotionnelle et Comportementale

En v’la un titre sérieux. Qu’est-ce que cette NEC plus ultra ?
Une théorie personnelle que je vais t’exposer brièvement (et donc en faisant peut-être parfois des raccourcis réducteurs, je t’en demande pardon d’avance).

J’ai l’impression que si on cherche la « cause des causes » de nos malheurs en tant qu’humanité, comme le propose le camarade Chouard (qui dit plein plein de trucs intelligents mais dont les intentions ne sont pas si claires que ça pourtant à mes yeux aujourd’hui – je ne doute pas que ça puisse s’éclairer d’ailleurs), on peut parvenir à des résultats bien différents selon les chemins qu’on prend.
Étienne donc propose de dire que la cause des causes de ce qui va de travers aujourd’hui dans le système économico-politique fou furieux où nous vivons, c’est sa constitution : nous avons laissé les pouvoirs en place écrire les textes supposés les réguler.
Le camarade Gautama lui avait trouvé trois racines : avidité, aversion et ignorance. Ces deux théories sont toutes deux fort intéressantes et développées par ailleurs, je te laisse donc consulter les sites de leurs auteurs (^;

Ma contribution à cette recherche, un peu entre les deux, et que je n’ai pas trouvé très explicitée par ailleurs même si je crois savoir que d’autres y travaillent aussi, serait de dire que si aujourd’hui le capitalisme n’est pas encore à terre, c’est grâce à la NEC : une énorme NORME ÉMOTIONNELLE ET COMPORTEMENTALE, énorme et pourtant communément intégrée, acceptée, normale quoi.
L’ethnoscénologie (anthropologie des pratiques performatives) pourrait établir sans doute une histoire gesticulée de la constitution de cet ensemble normatif, par exemple en observant la façon dont les fictions dominantes l’ont petit à petit modelée et imposée au monde entier, dans nos corps et nos coeurs, en même temps que dans nos têtes. La critique situationniste de la société du spectacle l’a fait aussi à sa façon je crois.

Disons-le d’emblée : cette norme est sexiste et âgiste. Selon ton genre et ton nombre d’année, elle va te dire ce que tu vas devoir faire ou pas pour être accepté-e normalement dans n’importe quel cercle. Et ça concerne en particulier la façon dont tu vas avoir le droit ou non, les moyens ou non, la place ou non et donc la possibilité ou non d’exprimer ce que tu ressens dans l’instant. Si c’est poliment dit, avec intelligence à ton tour, et que ça ne remet pas trop tout en question, ça va en général. Sinon, assez vite ou petit à petit tu seras exclue, flouée, écartée, hospitalisée, incarcérée, suicidée. Ou bien tu seras un-e artiste, glorieusement réintégré-e. Ou bien un-ne chef-fe de guerre, ou encore un-e mystique, bref je vais pas faire des romans. Ça concerne ensuite plein d’autres aspects de notre « mode de vie » quotidien : couple, consommation, organisation, travail, santé aussi ouhlala… mais tout ça en découle secondairement, je vais pas non plus faire un essai (je veux juste surtout le transformer). Ce qui est premier dans la NEC, c’est la question émotionnelle.

Disons-le ensuite : cette norme est patriarcale. Elle tend à protéger les pouvoirs en place en ridiculisant ou décrédibilisant les styles d’intelligence et d’expression qui ne correspondent pas à son idéal-type : le vieux sage à cheveux blanc, dictant paisiblement ou fermement (voire même avec une colère raisonnable, voire « saine » ou même « sainte », qui est chez lui légitime aux yeux de la NEC), dictant donc ce qui est bel et bon pour VOUS TOUS, hommes civilisés. Blancs de préférence – ou si noirs ou jaunes, bien habillés. Quoi ? il y a aussi des femmes et des enfants ? hahaha, c’est toujours seulement quand le navire se met à couler que les hommes (j’ai failli dire « on »… je me suis grillé :^), que les hommes pensent à les faire passer d’abord ! « J’aurais mieux fait de leur proposer plus tôt de prendre un peu la barre, et de venir aussi boire des canons à la capitainerie ! Elles m’auraient peut être donné le goût de vraiment danser. »

Disons-le encore : cette norme est bourgeoise. Elle est directement copiée des conventions partagées à l’origine par une petite classe sociale minoritaire, qui s’est réveillée au XVIIIème siècle, a pris le pouvoir au XIXème, et est devenue massivement dominante au XXème (je dis pas de connerie) ? En même temps que la révolution industrielle quoi. La bienséance bourgeoise, cette façon de ne pas exprimer, de manger proprement la soupe sans péter et de cacher toute la honte sous les tapis… De cultiver l’envie, la jalousie et la culpabilité. D’étouffer, mais le plus lentement possible. Hélas aujourd’hui, les prolos sont kif-kif et les vrais riches s’autorisent des transgressions affreuses et secrètes pour continuer à se sentir vivants (beurk). Heureusement aujourd’hui, de nouvelles classes émergent pour nous débarrasser de cette NEC ! Du balai ! Crève l’abscès ! et saluons les colOriéEs, les clowns-guerriers shambalas du nouveau monde, les militantes fermières, sorcières, ressourcières, les sages avec ou sans cheveux blancs et les activistes de toutes les Zones à défendre ! à commencer par nos propres corps souffrants, aimants, vaginés.

Disons-le enfin : cette norme est délétère. Elle favorise le cancer et les dérèglements climatiques, la discorde, l’ennui et les armes nucléaires. Il nous faut l’abolir et en libérer l’humanité (et vivre ensemble comme soeurs et frères plutôt que de périr ensemble comme des idiots, comme dit Martin Luther… frères et soeurs, ça n’empêche pas d’être en conflit, croyez-en un père de famille ! et certes ça se régule ensemble, avant d’en venir aux coups). C’est ce à quoi s’attèle d’ailleurs sans relâche le Front de Libération Immédiate et Contradictoire des Émotions, dont tu fais partie déjà depuis ta naissance… Tu ne savais pas ? Tout le monde y est pourtant. Chacun a sa stratégie après, c’est même là souvent un problème. Par exemple, la Fraction Rien À Perdre n’hésite pas à tuer pour déclencher des soulèvements populaires spontanés, qui sont aussitôt récupérés par les manoeuvres médiatiques du Système Nickel Obligeant à Baisser les Yeux (entres autres).

Bon allez, trève de jeux de mots. On a des pains sans gluten sur les planches, eh ? Allez allez, éteint donc cet ordinateur, à l’ouvrage ! Va t’occuper des toilettes sèches ! Après l’illumination, la vaisselle !

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