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Soutenables lourdeurs de nos êtres

Dans la nomenclature de Nama-S (cf la p.2 surtout du doc-là sur les états de l’être et pp. 36-47 du traité qui l’explicitent), une impression est bien distincte d’un ressenti ou d’un sentiment en cela que la dimension émotionnelle n’y apparaît pas… consciemment.
Mais à l’évidence, dans tous les états de l’être la dimension émotionnelle joue. Le cœur est toujours là, même si on ne le sent pas (battre ou bondir, se serrer, s’ouvrir…)

Une impression ainsi est faite d’abord d’éléments physiques et mentaux. Typiquement, la lourdeur et la légèreté – le sujet de cet article – ce sont en général des impressions.
Alors voyons : si je te trouves lourd-e, en fait… pourquoi, d’où vient ? Où est-ce que ça se passe dans mon corps, comment ça s’opère dans ma tête ? Tu aimerais plus de légèreté parfois dans telle relation, et moi aussi… alors, que cherchons-nous là, en fait ?
Et surtout comment se fait-il que les besoins de conscience, de précision et d’efficacité que certain-e-s ont tendance à prioriser parfois au dépens de la qualité des connexions – et maladroitement peut-être, sinon brutalement même – comment se fait-il que tout cela… pèse si lourd !?

Nous sommes des êtres de chair, de matière organique d’une incroyable complexité et aussi d’une relativement forte densité – même si on n’est pas d’bois et encore moins de métal. Parfois je me sens lourd, si concrètement ! Mes jambes pèsent des tonnes, je ne sais plus me soulever, ou bien je sens comme un poids dans ma poitrine qui m’écrase, me cloue au sol, m’empêche de bouger.
Nous sommes aussi des êtres d’esprit, capables de formuler des jugements si fins et nuancés et aussi si influents sur nous-mêmes et nos entourages – même si nous pouvons toujours aussi nous en affranchir. Parfois je me sens si lourd intellectuellement, avec mes dialectiques auto-réflexives et mes analyses de tout et n’importe quoi ! Ma psyché tire et pousse sur tout ce qui bouge, je ne peux plus m’empêcher de penser, ça opinione et ça interprète à tour de ganglions.

Mais qu’est-ce qui est là caché plus ou moins grossièrement derrière cette lourdeur de l’être ? N’est-ce pas toujours la peur ? Si, c’est elle. Toujours dans toute impression de lourdeur se découvre tapie la peur.
Et symétriquement n’est-ce pas toujours l’extir (exaltation, extase, élan, désir et non à proprement parler joie, je le rappelle) qu’on recherche à travers la légèreté ? Si, c’est lui. Dissimulée dans l’appel à la légèreté il y a l’envie de jouir.

Délicate (in-)conscience, qui se joue avec les lourdeurs et les légèretés de nos êtres : elle peut nous conduire à bien des tensions difficiles à comprendre et à démêler. Ainsi si l’un-e de nous interprète la demande implicite d’un-e autre de travers, avec le filtre de ses stratégies dominantes, iel pourrait vouloir « alléger » de façon très balourde – et faire ainsi violence.
Ou bien si l’un-e de nous – plus courant encore – ne prend pas pleinement sa responsabilité dans la relation, et impute à l’autre son problème de poids (qu’il soit lié à l’obésité ou à la maigreur, d’ailleurs) : c’est la dialectique de la distance qui risque de prendre le relais. Nous allons nous éloigner, moins nous voir, rompre peut-être. Ça tue l’amour, ce souffle entravé, ce cœur de pierre, cette gorge nouée, ce plexus serré… et sans désir, sans sa détente à l’horizon, comment pourrions-nous poursuivre l’aventure ?

Pourtant, nous sommes ensemble, de fait. Et nous sommes parfois en soutien les un-e-s pour les autres : nous en sommes en tout cas capables, en général – du moins un peu. La nature nous a donné juste les bras qu’il faut pour soulever nos charges, juste le cœur assez grand pour aimer… l’humanité toute entière, allez, à certaines heures. Alors, tout va bien : il suffit de nous entraîner à communiquer encore, et prendre du repos quand on en a besoin.
Rome ni Syracuse ne se sont faites en un jour, pas plus que l’empire ne s’effondre jamais à une date bien définie. On peut lâcher du lest et prendre le temps de comprendre nos liens en apesanteur ou en gravité. C’est souvent important pour nous non, même si c’est pas sérieux ?

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