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Peau-Aime

Le livre a été publié depuis, avec les illustrations de Marie Alix Gaussel et Anna Sérignac (cf. par ici)
Il est disponible en commande !

… en voilà tout de même quelques extraits :

***

Par où finit ce qui commence ici ?
Comment commençait déjà ce qui finit là ?

Perdu-e dans le temps je ne sais jamais,
du jour, de l’an ou de l’instant,
ce qui dure toujours et ce qui passe en secret.

Si je te dis « Pas le temps »,
c’est bien trop haletant !
Regarde droit dans mes yeux,
dis l’heure que tu veux.

Tout joue, tout bouge…
On y voit rouge !
Le temps s’en va,
l’amour est toujours là.

J’aime cette fleur du matin !
Je l’aimerai de tout cœur encore,
quand elle sera fanée demain.

Tu aimes toucher la peau de ma main :
tu la caresseras toute ridée
tout aussi fort, tout aussi bien.

***

Quatre saisons

L’hiver est-il tout gris sous la pluie ?
Non car règne le souffle de l’esprit,
et la lumière drue du jour
ou même de la nuit.

Le houx et le gui sont les gardiens du vert
quand toutes les feuilles sont parties,

et l’araignée et l’herbe et le feu qui crépite et rit encore,
du rouge, du noir anthracite et de l’or.

***

Germe et pousse,
printemps qui passe au travers des neiges !

Te voilà là, la primevère, humble soleil !
Chances blanches, vermeilles, rousses :
percevons-nous ce qui perce partout et pousse ?

Vous voilà chaleureux rayons,
qui réchauffent nos maisons,
tendre lumière, déséquilibre doux !
Libres comm’ l’air, cette saison et nous !

***

L’été, où est-il ?
Je me sens si bien partout sur son île.

Mince, il est parti ? Où a-t-il été ?
On ne saura pas, tant il était là !
On s’en souviendra bien après,
après avoir encore gelé.

Bain de lumière, douche d’orage,
mouvements fiers, sauvage horizon !
Nous traversons à plein poumons
cette vie folle qui s’envisage.

***

Feuilles mortes, fruits murs,
Chaude lumière, humide murs,
tu joues avec le contraste, automne !

Les heures sonnent…
Nos sages feux grillent les chataîgnes, compotent les pommes,
Ton feu fou fait tourner les règnes, pleurer les hommes.

***

Trois maisons

Dans la Dure Maison, tout est froid.
Le feu prend toujours mal, la cheminée ne tire pas : paresse, humidité biscornue.
Les paroles tranchent, les couteaux s’émoussent. Seul dure ce qui est pointu.
Fuyons cette maison !

Peut-être serons-nous plus à l’aise
dans un grenier à grain ou au creux d’une falaise…

***

**

*

Adieu, c’est la dernière page,
le temps n’est plus à prendre le temps encore,
ni de la pluie ni de la rage, ni des bisous ni de la mort,

Le temps est bientôt échu
Il est à dire à Dieu, à toi, à moi, à la rose, au chat,
au revoir, à tout de suite, à la prochaine fois, à tout jamais !

Nous reverrons-nous tu crois ?
Je sais que rien ne meurt de ce qu’on ne voit pas,
ni les histoires de reines et de lions,
ni le son des voitures qui jouent,
ni les sanglots des accordéons,
ni l’amour dans ton ventre doux.

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