AntigoneS
Après quelques représentations autour du solstice 2025, la p’tite rouge présente de nouveau son cabaret de la paix, joué par des enfants et des adultes à partir de différentes versions d’Antigone, différentes visions de sa lutte (mais une seule et même direction par où chercher le sens?) :
– le vendredi 10 octobre à l’artisterie à Plélan-le-grand (association Jean-Pierre dans le désordre), à 20h
– le mardi 14 octobre à Concoret, à 19h
Prévoyez des habits de saison !

Antigone, née de l’union incestueuse d’Œdipe et de Jocaste, souffre encore de voir ses deux frères chéris Polynice et Étéocle s’entretuer aux portes de la ville de Thèbes, dont tous deux voulaient être rois. En dépit de la loi édictée par son oncle Créon, désormais au pouvoir, pour mettre fin à cette guerre civile, Antigone enterre celui qui était laissé à pourrir au soleil de midi. Elle est emmurée vive pour l’exemple, et Hémon, fils de Créon, après avoir cherché à obtenir la grâce de sa bien-aimée, se suicide pour la rejoindre.
Après la « peste » (que Suzanne Lebeau, dont le dialogue narratif trame notre fil rouge, replace au cœur du mythe)… nous voilà pris·es nous aussi dans le canevas des catastrophes. Dès la prime enfance, on comprend bien que ça ne tourne pas rond, sur cette terre. Les intelligences buguent ! Dans le spectacle comme dans la vie, avec tout ce qui se télescope, on ne comprend souvent pas tout… et ça n’empêche pas d’aimer le spectacle ou la vie.
Nous jouons un montage de ces textes difficiles, si loin & si proches de nous, dans nos lieux quotidiens pour les faire entendre « en mode cabaret ». Pendant l’entracte ou après la fin, est-ce que vous pousserez aussi avec nous l’échange, la poésie ou la chansonnette ?
L’histoire bien connue d’Antigone traverse celle du théâtre. Mais son conflit se joue pareil dans chacune de nos consciences. D’un côté, la raison qu’on peut dire « d’état » et le recours aux lois correspondent, aussi, à des façons d’envisager le bien commun à des échelles tout autres – et sembler rationnelle en effet. De l’autre, selon les lectures du mythe, l’amour, la liberté ou la piété, le respect des traditions, des liens du sang, des symboles essentiels à la Vie et à la communauté…
Ces deux possibles visions politiques se heurtent plus tragiquement que jamais peut-être aujourd’hui : fatalité humaine !?
Qui voudrait d’un monde où le totalitarisme des tyrans (ou d’autres « puretés » morales, qu’on les croient progressistes ou conservatrices) s’impose à la cité, emportant au final toute vie dans son désastre ?
Les Antigones peuvent nous mettre en garde aussi cependant, avec leurs lucidités, ces compréhensions intimes du destin, paradoxalement contre tout extrémisme individuel. Ni faiblesse mentale, ni relativisme sensible dans leur présence : elles pointent toutes les violences, rappelant la nécessité fondamentale de l’antagonisme, de sa conscience, de sa mise en lumière·s. Quelle réconciliation dessinerons-nous avec elles aujourd’hui, entre matérialisme et spiritualités, au-delà du spectacle, pour la paix ?
Quel système construire – ou laisser émerger – dans l’effondrement des anciennes classes ?
Avec quelle attention pourrons-nous échapper aux folies des dieux ?



